L'homme augmenté

Le progrès, dans le sens qu'il prend à partir du XVIIe siècle, est l'idée d'une progression continue de l'humanité vers un terme idéal. Le XXe siècle témoigne cependant de ce que certains progrès techniques constituent aussi des menaces. Le but de l'éthique est de déterminer quels usages des sciences et techniques peuvent accroître, mais aussi réduire, notre "part d'humanité"...

Depuis le premier silex, notre corps se complète de prothèses pour améliorer ses performances. Nous perdons des capacités pour en acquérir de nouvelles. A l’invention de l’imprimerie, les premiers livres étaient accusés de faire perdre la mémoire... Nous poursuivons aujourd'hui l’externalisation de nos fonctions cognitives avec toutes les "technologies de l’information".

La tentation de "l'homme nouveau" et toutes les dérives qui l'ont accompagné... L'homme peut-il toujours aller plus loin, plus fort, plus vite ? L'homme doit-il poursuivre sa quête d'une "amélioration" à n'importe quel prix ?

Edgar Morin : « Etre reconnu comme homme, c’est avant tout se faire reconnaître le droit d’imiter les dieux. ». Depuis toujours, l’homme rêve de créer, à l’égal de Dieu. Défi prométhéen dans la mythologie, double aliénation dans l'ancien testament, l'homme exprime ainsi sa révolte contre l’ordre du monde, contre la création humaine elle-même, et ses limites.

Les applications des exosquelettes sont engagées dans le domaine médical, et ouvrent des perspectives immenses pour l'avenir. Contrôlées par l’influx nerveux au travers d'ICM (Interfaces Cerveau-Machine), elles font notamment appel aux nanotechnologies. Les progrès techniques très rapides dans ce domaine participent-ils toujours au progrès de l’humanité ?

"Prométhée voit les animaux bien pourvus, mais l’homme nu, sans chaussures, ni couvertures ni armes, et le jour fixé approchait où il fallait l’amener du sein de la terre à la lumière. Alors, ne sachant qu’imaginer pour donner à l’homme le moyen de se conserver, il vole à Héphaïstos et à Athéna la connaissance des arts avec le feu, et il en fait présent à l’homme." (PLATON - Protagoras)